La génétique et le TANTRA – les secrets des neurohormones et le bonheur en couple (8)
L’acte érotique instinctuel nous jette dans le tourbillon des émotions
Le comportement induit par ces montées et descentes subites du niveau de dopamine est : « Je dois avoir cela aussi à tout prix », c’est-à-dire l’obsession de la récompense tant désirée. S’il s’agit d’un amoureux, nous sommes obsédés par l’envie de le rencontrer encore et encore (même quand ce n’est pas vraiment nécessaire), s’il s’agit d’un jeu, nous sommes obsédés par l’idée d’y jouer, s’il s’agit d’un vice, nous sommes obsédés par le fait de pouvoir nous y laisser aller. La production de dopamine dans le cerveau est justifiée par la nécessité de la survie, c’est pourquoi elle apparaît à la satisfaction des instincts de base tels que la faim, la soif ou la sexualité fécondante.
Dans le monde des mammifères, la production de cette hormone est limitée, mais la société artificielle dans laquelle nous vivons a développé de multiples possibilités de stimulation de la production de dopamine, impliquant toutes des conséquences négatives : l’alcool, le shopping compulsif, la drogue, les jeux de chance, et plus récemment s’est ajoutée la dépendance à la télévision, aux feuilletons, aux jeux sur l’ordinateur et à internet. Tout cela a pour but le maintien d’un niveau élevé de dopamine. Soulignons que la dopamine présente en excès dans le cerveau crée un état de stress, de dépendance, de prise de risques étranges, de désirs malsains et d’anxiété. Il peut même conduire à la schizophrénie.
La dopamine tombe toujours sous son niveau normalaprès un acte érotique instinctuel, avec ou sans éjaculation, ce qui provoque une distorsion de notre perspective sur la vie et déclenche un sentiment de vide intérieur, de manque de motivation intrinsèque, d’incapacité à aimer, et surtout une dépendance impliquant la souffrance et le désir désespéré d’éliminer cette souffrance. La sexualité pulsionnelle produit une oscillation entre les deux extrêmes, trop et pas assez, attirant l’être dans un tourbillon émotionnel. Les deux extrêmes ont des effets négatifs puissants sur l’individu et son comportement, ce qui se reflète négativement dans la relation de couple. Pour échapper à ces montagnes russes émotionnelles – soit on voit tout en rose et on cherche par tous les moyens à obtenir l’objet de notre convoitise, soit on est déprimé et on tente désespérément d’échapper à la souffrance -, le cerveau humain sécrète automatiquement de la prolactine.
Après l’ivresse… la « gueule de bois » hormonale
Entre autres fonctions, la prolactine calme la sexualité instinctuelle qui s’avèrerait épuisante au niveau vital et émotionnel. Lorsque la dopamine diminue de façon importante suite à cet érotisme instinctif (que l’orgasme soit avec ou sans décharge) et qu’il n’y a pas d’autre hormone équilibrante (telle que l’ocytocine, la sérotonine ou les endorphines), la production de prolactine augmente dans le cerveau des deux amoureux, activant le mécanisme de satiété ou de saturation. Il est hors de doute que chez les hommes, elle génère le phénomène du « je me retourne de l’autre côté et je ronfle ». Chez les femmes, l’effet peut se produire plus tard, mais il existe bel et bien.
La prolactine a une influence sur le comportement du couple en général, et, à l’inverse de la dopamine, elle agit négativement sur notre disposition intérieure, comme si on voyait tout à travers des lunettes noires. La prolactine est aussi produite en réaction au stress et, en excès, elle induit à long terme des sentiments de désespoir, de découragement, une vision pessimiste et de la résignation.
Les recherches en neurosciences montrent que c’est exactement ces sentiments, surtout la résignation et le pessimisme, qui caractérisent les relations d’un couple malheureux où l’un des deux ou les deux acceptent l’insatisfaction et la frustration pour des raisons matérialistes. L’excès de prolactine provoque une perte de libido, des changements d’humeur, de la dépression, de l’hostilité, de l’anxiété et de l’irritabilité chez les femmes, de l’impuissance chez les hommes, des maux de tête chez les deux, un syndrome prémenstruel pénible et une ménopause précoce chez les femmes même lorsque les oestrogènes sont suffisants, l’infertilité et la perte d’intérêt érotique.
Lorsque la prolactine est présente en excès chez les femmes, ou, en d’autres termes, lorsqu’elles manifestent ce sentiment de satiété, celles-ci peuvent développer des caractéristiques masculines (de la moustache par exemple), elles deviennent hostiles, inquiètes, irritables, voire acariâtres. Chez les hommes, cet hormone produit un abaissement anormal du taux de testostérone conduisant à une sorte d’effémination. Les deux tendent à prendre du poids.
Les changements de comportement induits par l’ivresse et la gueule de bois hormonales, l’action conjointe de la chute du niveau de dopamine et de testostérone combinée à l’augmentation du niveau de prolactine conduisent à un changement radical de perspective. Celui qui était perçu auparavant comme étant l’âme sœur parfaite ressemble maintenant à un animal insensible face à une hystérique insatisfaite. Les défauts de monsieur sont critiqués sans ménagement par la femme qui manifeste des prétentions, des craintes et des doléances sans fondement, tandis que l’homme répond de façon excessive et souvent colérique, se sent limité, étouffé, manipulé et victime de chantage.
Les soupçons génèrent des crises, les deux anciens amoureux ont tendance à aller vers une autre personne, maintenant plus attirante, afin de satisfaire une nouvelle projection illusoire. La période de sensibilité et de récupération, lors du rééquilibrage hormonal, donne toujours un sentiment de manque aigu, puisque nous cherchons inconsciemment à retrouver le niveau normal de dopamine, de bien-être intérieur et de satisfaction ressenti auparavant.
Toujours du point de vue instinctuel, du fait que la sexualité est associée à un grand plaisir, les gens pensent que s’ils font encore une fois l’amour, les choses se remettront à fonctionner au mieux. C’est une grossière erreur, car en réalité, répéter l’expérience de la même manière, c’est-à-dire de manière pulsionnelle et limitée aux seules énergies des centres de force de Muladhara, Swadistana et Manipura Chakra (donc selon le Tantra, des énergies qui ne sont pas correctement sublimées) renforcera au contraire le déséquilibre émotionnel.
(à suivre…)