SHIVA KAMARI – Le Souverain divin de tous les désirs

 In Yoga

Cupidon – Le miroir parfait de Dieu

Dans la tradition hindoue, Kama est le nom donné au dieu du désir, un être céleste qui ressemble dans une certaine mesure au dieu de l’amour Eros ou Cupidon, de la mythologie européenne. L’existence de Kama est un grand mystère dans la Création de Dieu. Kama est né du cœur spirituel de Brahma, qui est Dieu en Son hypostase de Créateur du Macrocosme. Kama représente le désir originaire, l’impulsion primordiale de la Création d’où provient tout le macrocosme et par lequel Brahma a manifesté Sa volonté Créatrice.

Dans la tradition hindoue, Kama est aussi appelé Aja, «Celui né et à la fois inné» et Ananiyaja, «Celui né de Shiva». On pourrait dire que Kama représente l’expression mystérieuse primordiale des intentions créatrices de Dieu. Kama reflète parfaitement Dieu, de sorte que tout ce qu’il impulse par ses flèches infaillibles représente, en fait, l’expression de la volonté libre et souveraine de Shiva. Le rôle divin de Kama est de refléter parfaitement Shiva dans son intention, sans aucune faute ou discontinuité.

Des milliards d’êtres aspirent à la libération spirituelle
L’histoire symbolique qui se trouve à la base de l’hypostase divine Shiva Kamari est la suivante:
Lorsque Shakti, l’énergie féminine créatrice de Shiva, se manifesta en tant que Parvati, fille de la montagne sacrée de l’Himalaya, elle décida de faire un tapas qu’elle dédia à son amoureux divin, Shiva. En même temps, impulsés par cette énergie créatrice, les quatre fils sages de Brahma nommés Shanakar, Sanadanar, Sanatanar et Sanatkumarar, bons connaisseurs des enseignements spirituels contenus dans les quatre textes sacrés de la sagesse (Védas), vinrent voir Shiva afin de recevoir le don inestimable de la connaissance, à savoir la modalité pratique la plus rapide et la plus directe pour atteindre l’état de libération spirituelle. Shiva se manifesta alors dans l’hypostase de Guru suprême Dakshinamurti. Pour l’ardeur de leur aspiration, il récompensa les quatre sages en leur offrant le don spirituel d’une inestimable initiation. En pratiquant avec grande assiduité la méthode enseignée directement par Shiva, les quatre sages atteignirent l’état de libération spirituelle en peu de temps par la grâce que Shiva déversa sur eux.
Portés par le succès spirituel des quatre fils de Brahma, beaucoup d’êtres humains essentirent alors l’impulsion intérieure de pratiquer le yoga et d’atteindre eux aussi l’état de libération spirituelle (moksha). Bientôt, presque tous les êtres du Macrocosme renoncèrent à leurs préoccupations mondaines et se mirent à pratiquer le yoga avec un grand dévouement à l’instar de l’exemple divin de Shiva et de son amoureuse Shakti, ainsi que des quatre fils sages de Brahma. Un merveilleux état d’aspiration spirituelle prit le macrocosme tout entier. Grâce à cette élévation spirituelle née de la pratique du yoga, un grand nombre d’êtres humains prièrent Shiva de leur offrir Sa grâce suprême et de se révéler dans toute Sa splendeur dans leurs cœurs.
Enthousiasmé par l’amour qui naquit dans les âmes de Ses adorateurs par la pratique du yoga, le suprême Shiva décida de soumettre ses disciples à un test spirituel final d’une grande portée. Il permit aux trois démons extrêmement puissants nommés Surapadma, Taraki et Simhamuha d’aller dans le monde, alors que jusque-là, Il les avait tenus à l’écart par Sa volonté toute puissante. Shiva permit à ces démons de tout faire à volonté, en leur offrant maintenant la possibilité de transformation et d’ouverture envers la pratique du yoga, dans l’ambiance spirituelle extrêmement favorable qui avait été créée. Toutefois, en raison de leur immense ignorance, leur nature inférieure leur fût hostile même dans cette situation créée par Shiva. Poussés par une grande méchanceté et par l’égoïsme, ils commencèrent à perturber de diverses manières bon nombre des pratiquants de yoga, troublant surtout ceux qui n’étaient pas fermement établis dans la pratique.
«Kama me dit: «O, Brahma, Shiva, le maître des pratiques du yoga ne peut pas être charmé. Ni moi ni personne d’autre n’a le pouvoir de charmer Shiva. Assisté par Rati et tous mes amis, j’ai essayé toutes mes astuces, mais tout était en vain en ce qui concerne Shiva. O, Brahma, nous avons utilisé toutes sortes de stratégies. Lorsque Shiva était absorbé en état de samadhi, avec un contrôle total de ses sens, j’ai essayé de l’envelopper dans la douce brise qui éveille généralement des frissons de plaisir. J’ai tendu mon arc et j’ai jeté les cinq flèches faites des fleurs. J’ai essayé d’attirer son attention en faisant de ronds autour de lui. Tous les êtres vivants sont tombés dans mon pouvoir, mais Shiva et les Ganas sont restés inchangés. Partout où Shiva est allé, sur la chaîne des montagnes d’Himalaya, sur le mont Meru, à Nagakeshava ou Kailasa, nous, Rati, le Printemps et moi, nous l’avons suivi. Lorsque Shiva est sorti de l’état de samadhi, j’ai placé un couple d’oiseaux chakravaka devant lui. Ces oiseaux ont fait toutes sortes de mouvements amoureux et se sont unis ensuite. Différents couples d’animaux, des cerfs, des antilopes et des oiseaux ont joué devant le grand Seigneur Shiva, en abordant de nombreuses poses et gestes amoureux pour l’exciter. Les paons ont exprimé leur attraction mutuelle et fait des cercles autour de leurs merveilleuses femelles. Mais mes flèches n’ont jamais trouvé un seul point vulnérable chez Shiva. O, Seigneur de tous les mondes, je dis sans détour : ce n’est pas en mon pouvoir de charmer Shiva.
Le printemps a fait aussi tout ce qui était possible pour Le charmer. Mais malgré tout cela, même la moindre défaite n’a pas été enregistrée dans l’immuabilité de Shiva, qui n’a manifesté aucun sentiment, même pas de la colère contre moi. Etant donné cela, je comprends maintenant l’attitude suprême de Shiva et je m’oppose à toute tentative de Le séduire. Ceci est mon intime conviction. Quand il se détachera enfin de son propre état de samadhi, nous ne pourrons même pas rester en Sa présence. Qui pourrait donc rêver de Le soumettre à l’illusion ? Ce n’est pas en mon pouvoir de séduire Shiva.
O, Brahma, j’ai fait d’innombrables efforts pour charmer Shiva, mais cela a été en vain car il est absorbé dans une profonde méditation. Si en réalisant tout cela mon corps n’a pas été réduit en cendres, cela est dû seulement à Sa compassion, et peut-être aussi grâce aux mérites accumulés précédemment. Quant au Suprême Shiva, il n’y a pas de changement en lui. O, Brahma, si tu veux vraiment que Shiva choisisse une épouse, tu dois recourir avec modestie à des moyens appropriés. Je te dis honnêtement ce que je pense.»
Après m’avoir salué d’une révérence, Kama, suivis par ses compagnons, est parti, en adorant Shiva dans Son cœur qui avait supprimé l’ignorance dans son être.»

L’utilisation égoïste du désir attire de la souffrance
Leur immense méchanceté commença même à déranger certains dieux moins élevés, qui étaient plus préoccupés par le sort de l’Univers que par la qualité de leur pratique spirituelle. Ceux-ci eurent peur à l’idée que les trois démons pourraient détruire l’existence de l’Univers si personne ne s’opposait à eux. Faute d’un esprit plein de discernement pour se rendre compte qu’en réalité, rien ne peut bouger sans la volonté toute puissante de Dieu le Père, même dans le plus lointain recoin de Macrocosme, ils commencèrent à s’inquiéter parce que Shiva et Shakti étaient engrenés dans la pratique du yoga. Manquant de sagesse, ils crurent bêtement que lorsque Shiva médite, il est complètement détaché du monde manifesté et que dans ces conditions une certaine partie de l’Univers est en danger. En oubliant entièrement la pratique du yoga qu’ils suivaient mais dans laquelle ils n’avaient pas trop avancé, ils commencèrent à se préoccuper du moyen pour faire sortir Shiva de l’état profond dans lequel il se trouvait afin qu’il calme les trois démons.
Etouffés par leur ignorance, ces trois dieux médiocres décidèrent d’envoyer le dieu du désir, Kama, pour qu’il sorte Shiva de son état de méditation profonde, en jetant sur lui l’une de ses flèches charmées. Ils s’illusionnaient en pensant que lorsque Shiva serait atteint par les flèches de Kama, le désir de s’approcher de Parvati s’éveillerait en lui et qu’alors, il interviendrait avec elle de façon salvatrice, en éliminant les trois démons dangereux. A cause de leur sottise et de leur médiocrité, ils ne pouvaient plus penser clairement. Ils ne se posèrent même pas la question comment il serait possible de provoquer l’éveil du désir dans le suprême Shiva, alors que le désir avait pris naissance en lui. Le dieu du désir, Kama, refusa au début de mettre en œuvre le plan idiot de ces faux pratiquants du yoga, qui avaient déjà été détournés de la voie spirituelle par leur propre faiblesse. Kama savait très bien que toute intention orientée de façon égoïste ou méchante pour obtenir quoique ce soit et qui n’est pas en accord avec la volonté de Dieu retournera vers celui qui a commis l’action, en emmenant les fruits indésirables qui généreront dans celui-ci, tôt ou tard, de la souffrance.
Pour lui, il était évident que l’utilisation égoïste du désir attirera inévitablement la souffrance en tant qu’expression de la loi universelle de la cause et de l’effet – la loi du karma. Donc, s’il envoyait l’une de ses flèches vers Shiva, lui, Kama, aurait une fin tragique. Mais alors les dieux menacèrent Kama de le maudire s’il ne se soumettait pas à eux. Kama alla donc avec sa femme Rati à la demeure de Shiva, qui était en état de méditation profonde. Kama prépara la flèche-fleur qui éveille le désir dans les cœurs des êtres et la dirigea vers Shiva, tout prêt à la lancer. La réputation des flèches du désir lancées par Kama était connue dans tout l’Univers comme étant infaillible dans le cas de tout être. Mais aucun des dieux errés ne se demanda comment il serait possible qu’une telle flèche puisse modifier l’état du Tout-Puissant, Shiva. Dès que Kama prépara la flèche-fleur pour la lancer vers Shiva, une foudre brûlante jaillit instantanément du troisième œil de Shiva, Ajna Chakra, fondant sur place le dieu Kama. Sans être perturbé par cet incident, Shiva continua sa méditation. Le corps de Kama fut réduit sur place en cendre par le feu spirituel purificateur de la méditation profonde réalisée par Shiva.
Choqués par la fin tragique de leur intervention idiote soldée par la destruction du dieu du désir Kama, les dieux réalisèrent leur immense sottise, qui leur avait fait croire qu’ils pourraient influencer Shiva pour faire quelque chose qui n’est pas en accord avec Sa volonté divine. Aucune conspiration ne peut fonctionner contre Shiva. Ils comprirent alors qu’ils pourront obtenir la grâce et l’aide divine de Shiva seulement en toute sincérité et avec une infinie dévotion spirituelle. Ils s’abandonnèrent complètement devant la volonté toute puissante de Shiva et sollicitèrent humblement d’être pardonnés pour leurs folles pensées. Shiva leur pardonna et envoya ensuite son fils Subrahmanya ensemble avec Parvati pour stopper l’action des trois démons. Suite à leur sollicitation pleine de remords, Shiva ramena Kama à la vie, mais de manière à ce qu’il ne puisse être vu que de lui et de Sa bien-aimée Parvati. C’est la raison pour laquelle Kama est nommé dans la tradition hindoue Ananga, mot qui désigne „Celui sans membres” ou „Celui invisible”.
Ceci est l’hypostase de Shiva nommée Shiva Kamari, sous laquelle Shiva rend inutiles les actions du dieu du désir, celui né du cœur de Brahma. Kama incarne l’impulsion du mental créateur (manas) de s’orienter dans la direction des passions mondaines. Dans l’être humain, le dieu Kama a comme résidence le mental sensoriel (manas). Les flèches-fleurs de Kama ne tuent jamais, elles allument la passion dans les cœurs des gens. Shiva Kamari est le souverain Divin de tous les désirs.

Voilà la description de l’image de cette hypostase divine de Shiva dans la tradition hindoue:
«Ayant le corps couvert en totalité par de la cendre, avec la lune croissante dans ses cheveux, des serpents comme ornements et la peau d’un tigre autour de la taille, portant dans ses mains la hache et l’antilope, débordant d’une pureté divine sans égale, Shiva Kamari, paru des eaux brillantes du Gange céleste est assis dans la posture de l’héros, Virasana, avec la paume gauche placée sur la paume droite: c’est ainsi qu’il pratique le yoga. Lui, Shiva Kamari, brûle la flèche du dieu Kama par l’incomparable lumière divine de sa Conscience toute englobante qui jaillit de son troisième œil, Ajna Chakra.
A Lui, Shiva Kamari, celui qui est toujours le refuge spirituel de ceux assaillis par toutes sortes de désirs, nous Lui offrons l’offrande de notre coeur.»
«Pendant que moi, Brahma, j’étais absorbé dans mes pensées, un merveilleux être masculin a pris naissance par ma création mentale. Il brillait comme l’or et avait une poitrine large et ferme, un nez fin, des cuisses et des jambes bien mis en relief, ses cheveux ondulés avaient la couleur noire teintée de bleu, des sourcils épais et frémissants, et son visage était brillant comme la pleine lune. Il était aussi grand que l’éléphant céleste Airavata. Il portait un vêtement bleu. Ses mains, ses yeux, son visage, ses jambes et ses doigts étaient rouges. Il avait la taille svelte, des dents régulières, le parfum d’un éléphant dans la période de rut***. Ses yeux étaient comme les pétales de lotus ouvertes. Il était armé d’un arc et ses flèches étaient constituées de cinq fleurs. Son regard tendre était extrêmement séduisant lorsqu’il regardait dans une certaine direction. O, mon cœur, sa voix était comme un vent parfumé. Le sentiment amoureux se dégageait de tout son être.» ~ Fragment de Shiva Purana – La légende immémoriale de dieu Shiva

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