Entendre les besoins de notre âme :vers la révélation du Soi

 In Yoga

Si nous avons grandi dans une société occidentale, nous avons été élevés dans l’idéal d’une vie autonome, libre et choisie, une vie où la notion d’égalité compte plus que celle de complémentarité, où  l’indépendance financière et la compétitivité sont primordiales. Les modèles qu’on nous a donnés sont des hommes et des femmes à succès, socialement accomplis, intrépides, efficaces, créatifs et… apparemment heureux. Les qualités mises en avant pour atteindre ce statut tant désiré sont l’intelligence (et la poursuite de longues études), l’ambition, la volonté, l’adaptabilité, ou encore la confiance en soi…

La recette pourrait sembler parfaite. En effet, la majorité des gens ayant plus ou moins accompli les différentes étapes de ce chemin semblent heureux. Et pour peu qu’ils aient trouvé l’amour, ils s’estiment satisfaits et gâtés par la vie.

Mais ce serait oublier un besoin plus fin, plus subtil, que l’on croit parfois pouvoir ignorer tant il est loin du concret, du mesurable. C’est le besoin de vie spirituelle, de contact avec le Divin, la nécessité de donner un sens à l’existence au-delà de l’accomplissement matériel et social.  Si l’on tente un regard moins matérialiste sur tout ce dont on a parlé jusqu’ici, le monde change, les valeurs se relativisent.

Bien sûr, nous avons besoin d’une sécurité matérielle, besoin d’être « bien intégrés socialement », de connaître nous aussi le succès. Et pourtant, des questions planent en marge de notre système solide et confortable : que m’adviendra-t-il après la mort ? Suis-je ce corps ? Mes pensées sont-elles bien à moi ? Me définissent-elles ?

La plupart de ceux pour lesquels ces questions ont une réelle importance trouvent une réponse dans la religion : nous avons une âme et elle est éternelle. Elle représente l’étincelle divine en nous, le « souffle » que Dieu a déversé sur l’être fraîchement conçu de la terre. C’est le Soi Suprême, dirait le monde oriental.

Nous n’avons pas l’habitude de prendre en compte les besoins de notre âme. Même si nous avons reçu une culture religieuse, ce n’est pas la même chose de connaître l’existence de Dieu et de la vivre réellement. Et sur ce chemin de foi, si intime que l’on a du mal à le nommer, à la fois personnel et transcendant, les compagnons de voyage sont rares. Avec qui partager ce que nous sentons, vivons, pensons ? L’autre est souvent trop différent, sa voie ne nous convient pas. « Je voudrais tant te parler.  Personne ne me comprend… »

Celui qui cherche a devant lui un choix de cœur. Même sans le savoir, il est en quête de son bien-aimé, et c’est à son âme de faire ce choix. Il connaîtra alors Dieu à travers le plus beau chemin qui soit : le sien propre, intime, profond, qui l’amènera progressivement, ou subitement, à la fusion totale avec Dieu, et chaque étape du parcours aura une saveur unique.

« Toutes les choses de ce monde sont à dépersonnaliser, seule la relation avec Dieu est à rendre la plus personnelle que possible » disait un sage alors qu’il essayait d’aider les pélerins en chemin à se défaire petit à petit de la lourde charge d’identification avec tout ce qui reste éphémère : biens, possessions, corps, émotions, connaissances, pensées. Tout ce que l’on croit être soi-même…

 

Mais qui suis-je en réalité ?

Comment me défaire de ce sentiment de séparation du monde qui m’a amené à  croire que je ne suis que mon corps ? ou l’ensemble de mes idées, mon mental ? Un jour viendra pourtant où ce corps retournera à la terre et où il n’y aura plus de cerveau, plus de pensées. Qui est celui qui prend conscience que ces pensées viennent et passent ?

Nisargadatta Maharaj et Ramana Maharishi sont de grands sages indiens ayant vécu tous les deux au siècle dernier et qui ont atteint la délivrance spirituelle ultime à travers la question essentielle : qui suis-je ? Leur message simple, accessible autant à la pensée orientale qu’occidentale, troublant de profondeur et de transcendance, parcourt le monde à travers des livres traduits en beaucoup de langues.

« Si la réalisation ( du Soi – n.t.) était quelque chose d’extérieur à toi, je pourrais t’indiquer un chemin compatible avec ta sécurité, tes capacités et avec ton degré de maturité. Ensuite apparaîtraient des problèmes à résoudre, comme celui de savoir si le chemin est praticable et quel est le temps nécessaire pour le parcourir ?

Mais la réalisation n’est pas une chose extérieure, elle est la Prise de conscience du Soi. Tu ne peux pas vivre sans le Soi. Le Soi est éternellement réalisé. Mais tu t’obstines à ne pas le reconnaître. Ta réalisation est maintenant obscurcie par l’idée que tu te fais sur le monde et que tu projettes sur l’écran de ta conscience. Tu crois à présent voir le monde en dehors de toi  et c’est cette idée même qui vient faire ombrage à l’éclat de ta nature essentielle.

La seule chose qu’il te faut est vaincre cette ignorance et, tout d’un coup, le Soi brillera ! Aucun effort spécial n’est nécessaire pour réaliser le Soi. Tous les efforts visent à l’élimination de l’obscurité qui recouvre encore la vérité ! » ( Ramana Maharishi – dit « le  sage d’Arunachala » )

 

« Renonce à toutes les questions à l’exception d’une seule : qui suis-je ? Finalement, la seule chose dont tu es certain est celle que tu es ! Je suis – est certain. Je suis cela – ne l’est pas ! Découvre ce que tu es en réalité ! » ( Nisargadatta Maharaj – « Je suis celui qui est » )

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